Ambassade et Consulats de Belgique en France

Histoire du bâtiment

AmbassadeTout commence, pour ce qui deviendra en 1951 l’Ambassade de Belgique, lorsque l’Empereur Napoléon III décide de donner à l’Arc de Triomphe de l’Etoile un environnement digne de la gloire militaire de Napoléon Ier et de l’urbanisme parisien. 

L’Hôtel fait partie d’une des réalisations les plus prestigieuses de Haussmann, le Préfet de Paris qui a donné à la ville de Paris les grands boulevards tels que nous les connaissons. Le terrain de cet immeuble fit l’objet d’un contrat signé le 8 août 1866 entre la Ville de Paris et l’Association Lescanne-Perdoux et Jules Lebaudy. Cet accord avait pour but l’aménagement de la place de l’Etoile par la construction des hôtels qui l’entourent, hôtels dits des maréchaux.

AmbassadeLes dispositions obligatoires du premier décret impérial du 13 août 1854, d’ailleurs toujours en vigueur, réglementent la taille des grilles de clôture, l’agencement des façades de pierre de taille, l’entretien des toitures de zinc ou encore les parterres d’agrément des constructions sises autour de la célèbre place. En 1866 fut entreprise la construction au niveau du 9 de la rue de Tilsitt d’un bâtiment construit sur caves et élevé d’un soubassement, un rez-de-chaussée, deux étages carrés et un troisième en mansarde.

La valeur de l’hôtel représentait à ses origines 290.000 francs. Avant la fin de la construction de l’hôtel, celui-ci est vendu en 1874 au Brémois M. Guillermoz de Schutte pour la somme de 420.000 francs. Le nouveau propriétaire terminera les travaux entrepris et fera adjoindre des écuries, tout en respectant un cahier des charges très sévère établi par Haussmann. Selon toute probabilité, c’est à lui que l’on doit l’achèvement de l’hôtel. Homme d’affaires, M. Guillermoz de Schutte en profitera pour faire une opération immobilière et revendra l’hôtel en 1876 pour 1.250.000 francs à M. et Mme Mac-Kay, de nationalité américaine. C’est à ce couple que l’on doit la décoration intérieure de l’hôtel. Les lambris en chêne dans le salon qui fait aujourd’hui office de bureau de l’Ambassadeur ainsi que la salle à manger ovale où l’adjoint de l’Ambassadeur travaille illustrent le faste de la décoration de l’époque. Dans le bureau du Consul, situé au 2ème étage, une décoration florale originale en faïence a été récemment découverte sous les couches de peinture.

AmbassadeOn ne sait pas grand chose sur les Mac-Kay sinon qu’ils ont ramené des dollars-or de cet Ouest américain en pleine expansion. Industriel et milliardaire, M. Mac-Kay est surnommé « le roi de l’argent ». Les Mac-Kay resteront vingt ans dans l’hôtel, au meilleur moment de la vie parisienne, durant la Belle Epoque. Cependant, la vie de Paris coûte cher et les Mac-Kay décident de le revendre. Les Mac-Kay ne font pas une belle affaire en vendant précipitamment les lieux à M. Victor Klotz pour la somme de 1 million (moins que le prix d’achat, vingt ans plus tôt)!

Victor Klotz est dans le commerce des soieries. Il est né en 1836 à Paris et épousera en 1864 Brunette Meyer, dont la famille est dans le même négoce. Victor Klotz décèdera dix ans après l’achat de l’hôtel en février 1906, laissant l’hôtel à sa femme et ses fils. Les garçons ont du mal à garder l’hôtel. Leur oncle défunt, Louis-Lucien Klotz, avocat puis Ministre des Finances et sénateur, a fait de mauvaises spéculations en Bourse et accumulé des dettes. La famille entière en portera le poids au point que les banquiers lui retireront leur confiance et leurs crédits. Le Crédit foncier se faisant ainsi pressant pour être remboursé des intérêts de retard accumulés, il obtient un jugement de saisie et l’immeuble est vendu par adjudication au tribunal de la Seine le 8 avril 1937. C’est le Crédit foncier de France qui rachète son gage pour 1.250.000 francs. Le Crédit foncier revend l’immeuble en 1941 à la Société civile immobilière Etoile-Tilsitt, formée pour cet achat et qui paiera 5 millions de francs. L’hôtel sera revendu le 21 juin 1951 à l’Etat belge qui en est toujours propriétaire. Le prix de vente est de 105 millions de francs, prix raisonnable pour un immeuble de prestige situé dans un des plus beaux quartiers de la capitale.

Tous les services de l’ambassade étaient à l’origine concentrés dans le magnifique hôtel La Marck, rue de Surène (l’actuelle résidence de l’ambassadeur). Le baron Jules Guillaume fut le premier ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à installer les services consulaires de l’ambassade Place de l’Etoile. Par la suite et en raison du manque de place et d’une administration grandissante, tous les services de l’ambassade furent installés rue de Tilsitt.

AmbassadeDepuis lors, les bureaux de l’ambassade font face à l’Arc de Triomphe, monument érigé en l’honneur de la Grande Armée de Napoléon, qui abrite également la tombe du Soldat Inconnu. Presque chaque soir, à 18 heures, l’ambassadeur entend depuis son bureau les sons de la chapelle militaire en l’honneur du Soldat Inconnu.

Sa situation historique et centrale dans un des plus beaux quartiers de la capitale française font de l’ambassade non seulement une représentation digne de notre pays auprès du gouvernement français mais également un consulat facilement accessible aux plus de 133 000 Belges résidant en France et dans les DOM-TOM.

 

Source : A. Guillaume, « Hôtel du 9 rue de Tilsitt »,in « La Place de l’Etoile », F. de Saint-Simon, Ed. Vendôme, Paris, 1988